LOURDES : LE CHÂTEAU FORT-MUSÉE PYRÉNÉEN
Le château fort
Bâti sur un piton calcaire s'élevant au centre d'un bassin glaciaire, il domine la ville et offre un panorama exceptionnel sur cette dernière et le sanctuaire marial, dans un écrin de montagnes à la fois proches et lointaines. Il constitue un des premiers témoins de son histoire et reste un exemple de l’évolution des fortifications du piémont pyrénéen du XIe au XIXe siècle.
Classé en 1995 parmi les Monuments historiques, il illustre différentes facettes du génie militaire, dans le cortège des grands ensembles défensifs ponctuant le versant français des Pyrénées.
Résidence principale des comtes de Bigorre au XIe siècle, il devient une place forte qui occupe, jusqu'à la Renaissance, de façon de plus en plus complète et sophistiquée le sommet du rocher, et cela dans le jeu complexe des alliances et des conflits qui traversent la région et le pays. C'est Henri IV, comte de Bigorre et de Foix, vicomte de Béarn et duc d'Albret, devenu roi de France, qui ramène la paix et transforme le château en forteresse royale. A ce titre, pris en charge par une administration spécialisée, le bâtiment verra « descendre » ses défenses, comme en témoigne le pont-levis à corne, préconisé par Vauban et élevé en 1692.
A cette époque également il devient prison d'état et le restera jusqu'au début du XIXe siècle.
Il aura ensuite, sous l'égide du Génie militaire qui entreprendra les derniers grands travaux, une vocation de caserne. Déclassé comme forteresse en 1889, il est acheté par la ville de Lourdes en 1894 (qui pourra l'affecter en 1920 à un musée).
Le Musée Pyrénéen
Louis et Margalide Le Bondidier, venus dans les Pyrénées en 1901 pour prendre un premier poste de receveur de l'Enregistrement à Campan, ont été rapidement conquis par ces montagnes en y réalisant de nombreuses ascensions et en y devenant des pratiquants accomplis ; ils s'attachèrent aux diverses facettes de la culture de leur région d'adoption, nourris par de très nombreuses lectures et correspondances. Ils tissèrent de nombreux liens avec des institutions pyrénéistes (écrits pour La Montagne et l'Annuaire du Club Alpin notamment), touristiques (missions de propagande pour le Touring-Club de France) et commencèrent à rassembler témoignages et objets de la culture populaire, avec une précieuse documentation, qui constitueront le cœur des futures collections du musée de Lourdes.
Gravement malade en 1913 et obligé d'arrêter ses sorties en montagne, Louis prépara, durant la guerre de 1914-1918, un projet de musée, « musée de la montagne d'abord, musée de folklore, musée d'Art pur » pour réaliser une synthèse ambitieuse : représenter à la fois les activités sportives pyrénéistes, mais aussi touristiques et thermales, populaires et artistiques.
La concession du vieux fort est alors confié au Touring-Club de France pour 99 ans et Louis, aidé par Margalide (qui a accompli des études à l'Ecole des Beaux-Arts de Nancy) pour le parcours muséographique et sa mise en scène, crée cette entité culturelle en 1921 et peut faire inaugurer, en 1922, le Musée Pyrénéen par Léon Bérard, ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts.
L'établissement, à la suite de la liquidation du Touring-Club en 1983, passera comme prévu entre les mains de la municipalité lourdaise et sera, en 2002, labellisé Musée de France.
Un musée d'Arts et Traditions populaires
« Rien de ce qui est pyrénéen ne doit nous être étranger », avait déclaré le fondateur du musée. C'est en effet un riche patrimoine traitant de la vie domestique, rurale et pastorale de l'ensemble du massif pyrénéen des XIXe et XXe siècles, qui est présenté dans les différents espaces sommitaux, où se succèdent scènes de reconstitutions d'intérieurs domestiques et mises en valeur de moments de vie des Pyrénéens, à travers les costumes de fêtes, les attributs du deuil (cape et cires), le choix des sonnailles et des colliers de transhumance décorés.
Une salle particulière, consacrée à une collection remarquable de faïences de Samadet du XVIIIe, illustre l'excellence d'une manufacture royale qui depuis la Chalosse alimenta un commerce régional pendant près d'un siècle.
Témoin du patrimoine religieux de la ville antérieur aux Apparitions, l'essentiel du mobilier de l'ancienne église paroissiale, appartenant au Baroque, est conservé dans la petite chapelle du château.
Manifestation de l'attachement de certains Lourdais à leur forteresse, la donation Pendariès, collection de peintures et dessins reçue par la ville en 1994, offre un intérêt singulier tant par le choix des artistes, des écoles que de la découverte de thématiques. Elle enrichit, par sa présence, la collection de peintures du musée (XVIIIe au XXe siècle) mise en valeur à l'occasion d'expositions temporaires.
Enfin le jardin botanique et ses maquettes de l'habitat traditionnel pyrénéen (à l'ombre de ses bonzaïs originaux), ainsi que le cimetière pyrénéen, où se côtoient reconstitutions de tombes, de discoïdales et les sarcophages découverts autour de l'ancienne église paroissiale lors de sa démolition, constituent une suite de réalisations en plein air de Margalide Le Bondidier dont l'originalité et la qualité restent une attraction toujours appréciée.
Le centre de documentation du Musée Pyrénéen
Issu de la bibliothèque du couple Le Bondidier et alimenté tout au long de leur vie au musée, il compte de nombreux imprimés et manuscrits, mais aussi des fonds spéciaux, collections d'estampes, dessins et peintures, affiches, photographies, cartes géographiques et cartes postales.
Les fonds imprimés se caractérisent notamment par des livres et brochures sur les Pyrénées depuis le XVIIe siècle jusqu’à nos jours ; leurs notices sont consultables depuis 2013 sur le Catalogue collectif de France. L'ethnographie, l'histoire et le pyrénéisme en constituent le cœur, avec des exemples issus d'autres aires d'études qui en complètent harmonieusement le champ. Le fonds Baquerisse illustre la littérature et la civilisation occitanes.
Une mention particulière pour la collection de périodiques, parfois anciens et précieux : elle concerne les deux versants de la chaîne ainsi que leur piémont.
Les fonds spéciaux viennent d'acquisitions de collections de pyrénéistes célèbres : hommes de sciences, géodésiens, montagnards, etc. : Ramond de Carbonnières, Lucien Briet, Henri Brulle, Henry Russell, Alfred Tonnelé, Pierre Hossard, Édouard Wallon, Jean Arlaud, le général Maransin...
Les fonds iconographiques comprennent plus de 6.200 dessins et estampes relatifs aux sites, costumes, mobiliers du XVIIe au XXe siècle et forment un ensemble très diversifié de ressources documentaires.
Centre public d'études et de recherches, le Centre documentaire est accessible à la consultation, sur place.